Schwarz, Black, Noir > The Song. Mardi 30 juin 2009

Hier soir, Pina Bausch est morte, nous étions au Théâtre de la Ville pour un spectacle de Anne Theresa de Keersmaeker, qui dit sa douleur de perdre Pina Bausch en quelques pas de danse, termine sur 3 mots -Schwartz, Black, Noir-, puis donne son spectacle, The Song, 2 heures de danse sans musique, sans décor.

Pour la seconde fois hier soir, je comprends profondément la danse. La première fois, c'était Café Müller. La danse est une activité spirituelle, qui au-delà de la beauté des gestes, des corps, des faits qui se déroulent sur scène, de la performance - dépasse tout cela. Les danseurs hier soir étaient véritablement habités par une dimension qui les dépassaient. Par exemple, ils couraient, tout simplement. Ce faisant, ils échangeaient des regards qui montraient la fragilité de leur course (?) leur connivence (?), alors que d'autres danseurs, depuis le coté de la scène, regardaient attentivement, comme lors d'un cours de danse, ce que réalisaient leurs camarades sur scène. Dans le silence. Ces gestes si simples étaient portés par une communion des danseurs, comme si eux-mêmes assistaient à un événement qui les dépassait. Ces gestes si simples, exécutés comme en passant, comme si de rien n'était ('casual' est le terme qui me vient en tête), prennent un sens et l'esprit s'envole : ils courent - que font-ils ?
Pour moi, ils sont portés, ce n'est plus une course, ils dépassent la danse elle-même, ils n'ont besoin que de courir.

Je n'ai qu'une pensée quand la lumière revient : quel hommage pour Pina Bausch.

F*

"Pina, Pina, Pina..."
"Amour, amour, amour..."
Anne-Teresa de Keersmeaker a ainsi exprimé, en quelques mots, son émotion et celle des centaines de spectateurs auxquels elle s'adresse depuis la scène du Théâtre de la Ville. Tous orphelins, tant les spectacles de Pina Bausch ont enchanté cette scène et son public depuis tant d'années...
Quelques pas de danse, une course très "Pina" du fond de la scène vers l'avant et arrivée au bord, ces 3 mots, ou plutôt ce mot en 3 langues, "Schwartz, Black, Noir", pour indiquer au technicien qu'il faut couper les lumières, et pour signifier à toute la salle que oui, hélas, Pina c'est fini...
Un hommage sobre et magnifique !

The R !

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