Jo Ann Endicott, une danseuse exceptionnelle de Pina Bausch, est invitée pour rencontrer le public dans le Studio Bastille, le 3 avril 2014, au
moment où les danseurs du Ballet de l’Opéra commencent de répéter Orphée et
Eurydice.
Pina Bausch et Jo Ann Endicott
Jo Ann Endicott est à Paris pour transmettre la pièce au Ballet, notamment aux jeunes étoiles, comme Alice Renavant, nouvelle Eurydice. Vous connaissez déjà Jo si vous avez vu « Les Rêves
Dansants ». Ce documentaire présente de façon passionnante et émouvante le travail remarquable de transmission
que Jo accomplit, ici avec des lycéens de Wuppertal pour jouer la pièce
Kontakthof (redécouverte en 2013 au Théâtre de la Ville,
Paris). Pendant la rencontre, Jo Ann nous fait comprendre que la transmission,
ce n’est seulement enseigner la partition chorégraphique, les mouvements de
danse, mais transmettre l’esprit de l’œuvre de Pina, le « feeling ». C'est aussi « donner aux danseurs le courage de montrer ce qu’ils sont ». Jo Ann Endicott se lève et danse pour nous simplement, pour illustrer son propos. Les années passent, l'art demeure. Jo, 63 ans, danse et je pleure devant tant de force et d'innocence. Voir la scène emblématique de Jo Ann dans Waltzer.
Jo Ann Endicott séduit
par son grand naturel et sa joie de vivre. Elle continue d'être (à fond) dans tout ce qu'elle fait. Quarante années passées au service de l’art de
Pina Bausch, elle est toujours « touchée par la grâce ». Elle et Brigitte Lefèvre, Directrice de la danse de L'Opéra national de Paris, présente à la rencontre, décrivent Pina Bausch comme un dieu, dont les
danseurs seraient les anges, intercesseurs entre le Ciel et la Terre. Pina exerçait une fascination sur tous ceux qu’elle approchait. Selon Jo, elle
faisait « a lot of nothing magic». Elle était une fée, les petits
riens devenaient magiques à son contact.
Orphée et Eurydice de Pina Bausch
copyright Benoîte Fanton
Brigitte Lefèvre* avoue
que son plus beau souvenir est d’avoir rencontré Pina au travail, après avoir
découvert ses premières oeuvres au Théâtre de la Ville dès le début des années 80. Elle confie que pour
elle et les danseurs du Ballet, ce fut le coup de foudre.
Pina Bausch a transmis
au Ballet de l’Opéra national de Paris deux pièces majeures de son œuvre, Orphée et Eurydice et le Sacre du Printemps (créées en 1975).
L’entrée au répertoire du Ballet dans les années 90 de Paris a été rendue
possible avec l’accompagnement des grands danseurs du Tanztheater Wuppertal : Jo
Ann Endicott, Dominique Mercy et Malou Airaudo et ce grâce à l'appui de Brigitte
Lefèvre*. Depuis bientôt 20 ans, ces deux œuvres magistrales de la danse
contemporaine sont programmées par le Ballet régulièrement. En mai 2014, Marie-Agnès Gillot et
Alice Renavand, jeune étoile, interprèteront à tour de rôle d'Eurydice. Brigitte Lefèvre rêve qu'un jour Iphigénie en Tauride (1973) fasse partie du répertoire, moi de Vollmond (2006). Si seulement Benjamin Millepied* pouvait m'entendre...
* Brigitte Lefèvre : Administratrice de l’Opéra en 1992, puis Directrice de la danse de l’Opéra national de Paris de 1995 à 2014. Elle sera relayée par Benjamin Millepied fin 2014.
Pour découvrir des spectacles en Ile-de-France,
nous avons la chance inouïe de pouvoir voir trois pièces en quelques mois :
Mai 2014 : Orphée et Eurydice (1975) par le Ballet de l’Opéra de Paris
Pour réserver vos places alors que toutes les représentations sont complètes, il vous suffit de vous abonner au pass multiscène de DanseAujourdhui et de me communiquer votre souhait.
Juin-Juillet 2014 : Palermo Palermo (1989) par le Tantheater de Wuppertal
Pour découvrir Jo Ann Endicott et Tanzthater Wuppertal,
DanseAujourdhui vous recommande très vivement :
-
"Les Rêves Dansants", remarquable documentaire sur la transmission d'une oeuvre chorégraphiquede Ann Linsel et Rainer Hoffman (DVD, 2010)
-
« Je suis une femme respectable ", l’autobiographie
de Jo, petit livre qui se lit
très facilement. À son image, il est vivant et drôle, modeste, écrit comme
un journal intime. Elle parle de son vécu au service de l’art de Pina, de sa
manière de vivre à la fois sa vie d’artiste et sa vie familiale, un exemple à
suivre pour beaucoup de femmes. Par effet de miroir, elle nous parle de Pina en
le remettant à sa juste place, une femme sur terre, ni ange et ni démon. (Arche Editeur, 1999)
"Pina", le film fameux de de Wim Wenders, qui a révélé la chorégraphe à beaucoup. Pour ceux, qui ont eu la chance de voir des spectacles, c’est un plaisir immense de les revivre à travers quelques extraits et de découvrir les danseurs individuellement (Jo et son hippopotame par exemple). Bande-annonce ci-jointe.