Alban Richard, la mystique des corps


Et mon coeur a vu à foison d'Alban Richard © Agathe Poupeney

"Et mon coeur a vu à foison"

La dernière création d’Alban Richard, chorégraphe en résidence au Théâtre national de Chaillot, vient solliciter par un foisonnement d’images fortes notre imaginaire de spectateur.
L’intelligence et la sensibilité d’Alban Richard servent toutes deux en harmonie un «théâtre qui se doit de rester un lieu extraordinaire » (entretien avec Alban Richard, 30 janvier 2014).

L’imaginaire du spectateur

Alban Richard crée des œuvres à tiroirs. Le premier degré lui fait horreur.  Pour lui, le spectateur est un être aussi intelligent que sensible. Le théâtre est le lieu extraordinaire où il peut justement enrichir son imaginaire. Pour cela, Alban Richard aime proposer au spectateur différents niveaux de lecture de ses pièces pour cheminer en toute liberté au gré de ses émotions, de sa sensibilité propre et des images et de la culture, qui l’habitent.

« Et mon cœur a vu à foison » s’abreuve à plusieurs sources :
J’ai eu la chance d’assister à une séance d’essayage. Les costumes sont remarquables : ils font partie intégrante de la création. Créés spécialement par l’atelier couture de Chaillot, ils sont habités de l’esprit de la pièce. Ils sont, à l’image des scènes, le fil entre notre passé et notre imaginaire présent. Alban Richard nous fait voyager à travers le temps pour nous faire sentir bien vivant.

Alban Richard se sert de l’histoire de l’art et de celle du théâtre pour délimiter un cadre auquel les danseurs tout comme les spectateurs pourront se raccrocher. Les références culturelles sont des tremplins vers le ciel. Il n’est pas question ici d’exclure par une culture savante mais au contraire de pouvoir enrichir sa perception et sa sensibilité, au contact de l’art. En cela, Alban Richard est bien à sa place dans le théâtre populaire fondé par Jean Vilar, en résidence à Chaillot.


La danse sacrée

Alban Richard arrive à la danse grâce à une amie persévérante, qui réussit à l’entraîner à un stage de danse. Il se sent immédiatement chorégraphe. Il n’a pas 30 ans qu’il crée sa compagnie, l’Abrupt, et monte ses propres pièces. Cette année, il est en résidence à Chaillot et au Prisme à Saint-Quentin-en-Yvelines.

Après l’avoir vu au travail avec ses danseurs en studio, je l’ai interrogé sur l’ambiance sereine qui régnait cet après-midi là, alors que la danse débordait d’énergies. Alban Richard a souri doucement et s’est expliqué sur ce qu’il appelle la « danse d’action ». Pour lui, le danseur est un messager entre le ciel et la terre. Il n’est pas un interprète en représentation, exécutant parfaitement une partition écrite, mais un médiateur. En ce sens, la danse est un art sacré. Le sujet du chamanisme, qui habite aussi « Et mon cœur a vu à foison », fait écho à ce qu’Alban Richard recherche à faire incarner par ses danseurs. À voir les danseurs en répétition, j’ai ressenti une sensibilité à fleur de peau et une grande harmonie des corps.

Nous vous proposons de découvrir Alban Richard et son univers au travers de rencontres, en marge du spectacle "Et mon coeur a vu à foison", organisées par le Théâtre de Chaillot.

Catherine Zavodska, 4 février 2014

DanseAujourdhui, la référence des spectacles de danse




Alban Richard © Agathe Poupeney

À la rencontre de l’artiste


Spectacle le jeudi 6 mars à 20h30 à Chaillot
Rencontre avec Alban après la représentation
Visite du Louvre avec Alban pour présenter ses sources d'inspiration le samedi 8 mars à 11h.
Notre tarif est 25€ la place et 8€ la visite.

Pour réserver avec danseaujourdhui.fr

Masterclasse du 31 mars au 4 avril à l'Atelier de Paris

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