D’une manière générale la chorégraphie de Drumming Live est très classique, c’est très beau, presque sage. Au fond j’avais gardé d’ATdK le souvenir de Rosas danst Rosas et je pensais en retrouver un petit quelque chose : une certaine dureté, un caractère obsessionnel, jusqu’au-boutiste, des danseurs qui se roulent par terre…
La première partie (bongos) débute sobrement, un seul percussionniste, une seule danseuse. Puis un deuxième percussionniste, un deuxième danseur. Puis quatre. La coïncidence de l’arrivée des musiciens et des danseurs n’est peut-être pas exacte, mais la complexité est croissante de part et d’autre. Progressivement, alors que les lignes rythmiques conservent toujours une grande clarté, je perds pied dans la danse : je perçois individuellement la répétition du mouvement initial, mais la dynamique d’ensemble m’échappe. Je suis aussi surpris du décalage entre la continuité, l’harmonie des mouvements et la sécheresse de la sonorité des bongos.
Bien que la couleur sonore de la deuxième partie (marimbas) soit radicalement différente (bois, fluide, grave), pas de grand changement dans la chorégraphie d’où, j’avoue, un peu de lassitude après une dizaine de minutes.
En revanche la troisième partie (glockenspiels) apporte un changement à la fois dans le son (métallique, pur, aigu) mais également dans la danse. Il y a dans cette partie, comme dans la quatrième et dernière (tous les instruments), une simplification progressive. L’action s’organise entre autres autour d’une diagonale formée par l’ensemble des danseurs, le mouvement ralentit. Les danseurs se figent au point d’être portés hors de la scène comme des statues.
Au final, je suis partagé entre le plaisir d’avoir vu un beau spectacle et l’impression que la musique pouvait donner lieu à autre chose.
Mais j’ai surtout une grande frustration. Le décor est constitué d’un motif géométrique tracé au sol dont on ne voit au départ qu’une petite partie, le reste étant couvert par un revêtement orange déroulé sur la scène. Les rouleaux disposés sur un côté laissent penser que ce revêtement va être retiré pour nous révéler progressivement la globalité du motif (une sorte de mouvement brownien) et du même coup donner un sens aux déplacement erratiques des danseurs. C’est en réalité l’inverse qui se produit, la seule zone visible étant finalement recouverte dans les derniers instants du spectacle !
CB
Libellés : Anne Teresa De Keersmaeker, Steve Reich