... du printemps !



Chorégraphie : Thierry Thieû Niang & Jean-Pierre Moulères
Musique  : Le Sacre du printemps de Igor Stravinski (enregistrement de Pierre Boulez avec le Cleveland Orchestra, 28 juillet 1969)
Lumières : Éric Soyer
(Extraits des Carnets de Nijinski ; texte français et adaptation théâtrale de Christian Dumais-Lvowski, publié aux éditions Actes Sud)
Dansé par 25 seniors & avec la participation de Patrice Chéreau



Premier spectacle de danse de ma saison au Théâtre de la Ville.

Tout commence par un monologue de Patrice Chéreau. Qui déclame, en le lisant, un texte, de Nijinski  qu'il, n'a pas vraiment, eu le temps d'appren-, dre. Ou alors il fait exprès de déclamer "comme au théâtre" ? Patrice Chéreau étant Patrice Chéreau, je conçois aisément que chacun de ses effets est voulu. Ben... Bon, heureusement, c'est (toujours trop) long (quand c'est chiant...), mais pas trop, allez.

Ensuite, Marathon Man se met en branle : un vieux monsieur qui marche en tournant dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, qui fait le tour de la scène, dessine un cercle : un tour, deux tours...
Et les danseurs zé danseuses (surtout) rejoignent peu à peu l'intérieur du cercle et forment un bloc. Dont l'un ou l'une se détache, pour marcher, tourner eux aussi, toujours dans le sens des aiguilles d'une montre. Ah, tiens, Marathon Man s'est mis à courir, rythme jogging. Bon.

Sur scène, ou plutôt dans le cercle, on a donc 24 personnes habillées de noir et portant perruques qui tournent en rond. Si je vous la fais courte, ça peut donner : ils tournent, lentement, vite, l'un s'arrête puis repart, une autre écarte les bras et se met à courir, ils avancent seuls, puis par paire, tiens là y'en a trois, et tous enlèvent leur perruque, certains se déshabillent un peu, beaucoup, sortent du cercle et se réfugient sur les côtés de la scène (grands ouverts), à la fin y'en a plus qu'une, tiens Marathon Man coure toujours, puis ils reviennent tous, et c'est fini.

25 vieux (pardon, "seniors") qui tournent en rond pendant une heure et demie ???

Ben oui, mais pas seulement. Parce qu'il y a la musique, Le Sacre du printemps, sublime (et qui fait évidemment un peu penser à Pina...). Et puis cette ronde, magique, hypnotisante, de danse pure. Par des "seniors"...
Quelle idée de mettre ainsi des vieux sur scène, n'est-ce pas ? La beauté des corps fait tellement partie de la beauté de la danse... Sauf que là, elles et ils sont tellement beaux, eux aussi. Oh, la vieillesse et l'usure des corps sont cachés, au début, comme un vernis qui permet de supporter le regard. Mais le vernis craque, les perruques s'envolent, les habits tombent peu à peu, et les corps se dévoilent. La chair se montre et avoue tout. Et apparaissent des personnes vraies, fortes, assumées, libres... Quelle claque !

Un très beau spectacle, très émouvant. Un merveilleux début de saison...
The R !


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