En atendant (le titre utilise l'orthographe avec un seul t de l'ancien français) est une pièce pour neuf danseurs créée par Anne Teresa De Keersmaeker pour le Festival d'Avignon 2010 à la demande de Vincent Baudriller qui en commandite l'écriture. Troisième présentation d'un ballet de la chorégraphe au Festival d'Avignon après Rosas danst Rosas en 1983 et Mozart/Concert Aria's en 1992, En atendant a été présenté en création mondiale le 9 juillet 2010 au Cloître des Célestins[1]. Pour cette création 2010, De Keersmaeker a fait le choix d'un retour à une musique ancienne – après une précédente pièce The Song quasi-silencieuse – l'Ars subtilior du XIVe siècle qu'elle a découvert à cette occasion[2] et qui est caractéristique en partie du sud de la France de cette époque[1] et donc d'Avignon. Le titre de l'œuvre est une référence à une ballade du poète médiéval occitan Philippo di Caserta.
L'écriture de En atendant s'est, comme très fréquemment avec la chorégraphe flamande, bâtie autour de cette structure musicale qu'elle considère « hyper-sophistiquée, très mathématique, complexe, philosophique, presque abstraite » et qu'elle décide de faire interpréter par deux flûtistes (flûte ancienne et moderne), une vielle, et une chanteuse. Elle déclare à ce propos :
« Je n'ai jamais été plus proche de la musique qu'avec En atendant[3]. »
En atendant est en effet marqué par le retour de la chorégraphe au « rapport fusionnel » entre le corps et la musique[2] qui a constitué la base et la signature de son travail chorégraphique depuis 1980. Par ailleurs, la pièce lors de sa création à Avignon était marquée par un jeu précis de lumières naturelles avec le soleil couchant du crépuscule et la luminosité déclinante ; un second volet serait prévu pour l'été prochain, toujours dans le cloître, avec cette fois-ci des représentations données à l'aube jouant avec le soleil levant[4].
Par ailleurs, De Keersmaeker assume un certain parallèle intellectuel entre les évènements qui ont marqué le XIVe siècle – Guerre de Cent Ans, Grand Schisme d'Occident ayant conduit l'installation des papes en Avignon, épidémies de peste noire – et la période contemporaine qui a abouti à l'écriture de cette pièce sur cette musique[2] : « L'ars subtilior est la musique d'un temps de calamités. Il sied parfaitement à celles d'aujourd'hui[4] ».
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